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La chaire de Vegman
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11 juillet 2010

Du spécisme à la garniture

Des habitudes qui s’amoncellent deviennent des ce-qui-va-de-soi. A partir de là inutile de s’en prendre une énième fois au réflexe d’un quotidien glacé et surfait. Que nenni ! Jusqu’à preuve du contraire, objet de culte, la viande, cadavres entiers ou en morceaux mais scrupuleusement arranger pour divertir l’œil et susciter la goinfrerie, demeure le centre de l’assiette. Un plat sans viande ne serait pas un vrai plat. Pour les viandards, l’ingestion de la bidoche est la captation  de la force sauvage de l’animal vivant.

Le carnivore est un cartésien. D’une, il se sent à l’écart de la nature qui dans ses phantasmes ne peut être que sauvage parce que non civilisé. Ce « monde indompté » l’interpelle car à vrai dire il en est jaloux ; dominer la Nature le libérerait de sa finitude, de la conscience de la mort. Et de deux, l’écart de son monde et de celui qui fait l’objet de ses tentations lui semble si distancié qu’il entend se l’approprier de n’importe quelle façon dans le but de le dominer (nourriture, élevage, chasse, corrida, cirque, etc.).

De cette domination provient le spécisme.

« Le spécisme est à l’espèce ce que le racisme et le sexisme sont respectivement à la race et au sexe : la volonté de ne pas prendre en compte (ou de moins prendre en compte) les intérêts de certains au bénéfice d’autres, en prétextant des différences réelles ou imaginaires mais toujours dépourvues de lien logique avec ce qu’elles sont censées justifier.

En pratique, le spécisme est l’idéologie qui justifie et impose l’exploitation et l’utilisation des animaux par les humains de manières qui ne seraient pas acceptées si les victimes étaient humaines.

Les animaux sont élevés et abattus pour nous fournir de la viande ; ils sont pêchés dans les mers pour notre consommation ; ils sont utilisés comme modèles biologiques pour nos intérêts scientifiques ; ils sont chassés pour notre plaisir sportif.

La lutte contre ces pratiques et contre l’idéologie qui les soutient est la tâche que se donne le mouvement de libération animale »[1].

La domination de l’homme sur la nature a donc aboutit dans l’utilisation gratuite sans fin, donc dans la plus totale cruauté et ignorance, du monde animal en particulier et de la nature en général. L’homme occidentalisé a perdu le mode de vie de ses ancêtres. En effet, autrefois frugivore, il est devenu, à force de propagande de l’agro-alimentaire et du capitalisme depuis la fin de la seconde guerre mondiale, un redoutable carnivore. Et encore de nos jours les campagnes publicitaires irriguent et scellent dans les esprits la nécessité de se nourrir de viande et ce au détriment de la santé du consommateur et de la paix universelle. L’universalité ne se limite pas à l’humanité. Elle intègre la nature dans sa totalité.

Dans les cantines scolaires ou d’entreprises ainsi que dans les foyers et les restaurants, presque dans chaque menu les légumes ont le malheur de tenir le rôle de…garniture. Ainsi les poireaux, les pommes de terre, les choux et consorts mais aussi les légumineuses (pois, lentilles, haricot soja,…) sont, au même titre que les graines (quinoa, sésame,…), relégués injustement au même rang d’aliments pauvres sous prétexte que ceux-ci n’apporteraient  que peu de nutriments au corps… Le mode de vie occidentale privilégie donc des aliments transformés à partir de cadavres d’animaux : côtelette, blanquette, épaule, mignon, gigot…tout semble avoir été filtré dans un langage épuré digne d’un conte enchanteur où ne vivent que des Bisounours ou des Câlinours[2]. De plus, les produits d’origine animale, les viandes en l’occurrence, d’après un mythe encore aujourd’hui bien contrôler, sont saines et synonymes de richesse. Qu’on ne s’étonne pas ensuite de la prolifération des cancers et autres maladies de la prospérité.

Même si on nous recommande de manger cinq fruits et légumes par jour pour rester en santé, les fruits sont presque absents des menus disponibles au resto, chez môman et tutti quanti.

Les fruits et les légumes renferment pourtant de quoi laver notre organisme des toxines apportées par les produits d’origine animale : antioxydants, fibres, calcium, vitamines, enzymes… L’idéologie capitaliste et le spécisme font que ce qui est utile pour notre santé persiste malheureusement au stade de la garniture- ce qui est là pour le plaisir de nos yeux avant d’être celui de notre corps. Un corps bien nourrit développe l’agilité de l’esprit.

Vegman - 11.07.2010

[1] Quatrième de couverture des Cahiers antispécistes n°32 – mars 2010. http://www.cahiers-antispecistes.org/

[2] Au Canada les ours du dessin animé « Bisounours » sont appelés « Câlinours », notamment à cause de la connotation vulgaire du mot bizoune en français québécois. Source : Wikipédia

Bizoune, n. f. [très familier] Pénis. Source : Antidote (Dictionnaire Québécois)


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